Caféine
1) Caféine :
A) Origine :
Elle provient de plusieurs fruits ou graines d'un certain nombre de plantes dont le café, le thé, le cacao, le guarana et le maté. Elle est aussi synthétisée et incorporée dans des produits pharmaceutiques et dans certaines boissons gazeuses. Les boissons énergisantes en contiennent une teneur élevée (80 mg par canette de 250 ml). Une fois ingérée, la caféine est rapidement et totalement absorbée au niveau intestinal. Elle est ensuite dégradée par le foie et principalement excrétée dans les urines.
1 tasse de café (150 ml) contient en moyenne 80 mg de caféine (entre 40-170mg) ce qui correspond à : • 2 tasses de thé (sachet) de 150 ml
• 2 grands verres de thé glacé de 200 ml
• 4 barres chocolatées de 30 g
• 3,8 litres de lait chocolaté
• 785 ml de cola
• 1 canette de Red-Bull de 250 ml
B) Effets physiologiques :
L'usage de la caféine est répandu dans le milieu sportif pour ses effets ergogènes(ce qui acroit les performances sportives) , c'est ce qui justifie son inscription pendant quelques temps dans la liste des substances interdites dopantes.
Lors d'un exercice de type aérobie, elle permet de:
- retarder le seuil d'épuisement
- augmente la concentration plasmatique en glycérol
-augmente la concentration en acides gras libres.
Plusieurs travaux montrent une augmentation de la concentration plasmatique en épinephrine(aussi appellée adrénaline) consécutive à l'ingestion de caféine.
Le rôle des catécholamines*(l'adrénaline,...etc) a également été suggéré dans la modulation des concentrations de HSP72* .
Plusieurs mécanismes d'action ont été proposés pour expliquer les effets physiologiques de la caféine, en voici un:
l'augmentation du calcium intracellulaire améliorant la force de contraction des muscles squelettiques et l'inhibition des Phosphodiestérases induisant une accumulation de l'AMPc*(protéine induite par le stress) mais il semblerait que l'inhibition des récepteurs A1 de l'adénosine soit le principal mécanisme mis en jeu .**
C) Effets indésirables :
Les effets indésirables liés à une consommation excessive de caféine se manifestent par des effets neuro-comportementaux : céphalées, insomnie, nervosité, irritabilité, anxiété, tremblements.
La consommation régulière de caféine peut entraîner une accoutumance voire une véritable dépendance,et l'arrêt brutal de la consommation de caféine entraîne des céphalées, une asthénie, une irritabilité, de l'agressivité voire des idées dépressives.
Au niveau cardiovasculaire, elle peut provoquer une tachycardie, des palpitations, une arythmie, de l'hypertension.
Sur le plan digestif:
- la caféine stimule les sécrétions gastriques et la motricité intestinale.
- L'augmentation de l'excrétion urinaire de calcium, magnésium, sodium et chlore favorise les effets contracturants chez l'homme .
Par transposition de la DL50* chez le rat, l'ingestion de 10 g serait mortelle pour 50% des hommes adultes, ce qui représente 120 canettes (30 litres).
D) Intérêts et risques liés à la consommation de caféine:
La caféine, par son action sur le système nerveux central, permet d'améliorer la vigilance et de retarder le seuil de la fatigue .
Elle permettrait aussi d'augmenter la force de contraction musculaire.
Elle peut donc présenter un intérêt dans certaines disciplines à composante cérébrale ou dans certaines conditions de veille prolongée.
Toutefois, une utilisation inadaptée peut induire des modifications du comportement (irritabilité, agressivité), augmenter le stress (angoisse) et altérer la récupération (insomnie, myalgies).
La consommation de caféine ne présente aucun intérêt dans le contexte d'une réduction pondérale.
Les effets secondaires observés au niveau du système cardiovasculaire peuvent occasionner des troubles du rythme cardiaque, voire une mort subite.
E) Synthèse :
L'intérêt d'une consommation modérée de caféine (3 à 6 mg/kg) avant et/ou pendant un exercice de longue durée est bien documenté. Ces effets ne sont pas dose-dépendants et semblent indépendants des habitudes de consommation : consommateurs réguliers vs non-consommateurs . Une consommation supérieure n'est donc pas bénéfique et exposent à des effets délétères. Le problème réside aujourd'hui dans le fait que la caféine est présente dans de nombreux produits (café, boissons à base de cola, boissons énergisantes, gels concentrés, etc.) dont le niveau de consommation est élevé (voire excessif) dans la population ciblée.
La limite supérieure de consommation quotidienne de 200 mg établie par le CSHPF en 1996 est donc facilement atteinte en pratique.
L'apport supplémentaire en caféine n'est donc pas recommandée car les aliments de consommation courante contienent naturellement de la caféine et doivent être manipulés avec une certaine prudence en prenant en compte la sensibilité de l'individu.Certaines personnes ressentent des effets indésirables dès 100 à 160 mg de caféine soit l'équivalent de 2 canettes de boisson énergisante ou de deux tasses de café. Enfin l'apport de caféine lors de l'effort constitue un facteur de risque de déshydratation, de fuite minérale, de troubles du rythme cardiaque et gastro-intestinaux.
Lexique:
-Les catécholamines sont des composés organiques synthétisés à partir de la tyrosine et jouant le rôle d' hormone ou de neurotransmetteur .Les catécholamines les plus courantes sont l'adrénaline (épinéphrine), la noradéaline (norépinéphrine) et la dopamine.
-Hsp72 (HSPA1A) est une protéine induite par le stress. Des concentrations élevés peuvent être produites par les cellules en réponse à une hyperthermie, un stress oxydatif, et des changements de pH.
-L'adénosine monophosphate cyclique (AMPc, AMPcyclique) agit souvent en tant qu'intermédiaire, dans l'action des hormones ou des neurotransmetteurs notamment. Il fait partie des seconds messagers (ce sont des molécules permettant la transduction d'un signal provenant de l'extérieur d'une cellule, vers l'intérieur ou la surface de celle-ci).
- La dose létale 50 ou DL50 :c'est la masse de substance nécessaire pour tuer 50 % des animaux dans un lot dans des conditions d'expérimentation précises.
**La stimulation des récepteurs A1 de l'adénosine inhibe l'adénylcyclase et diminue l'AMP cyclique intracellulaire. L'inhibition de ces récepteurs (par la cafeine) conduit à l'effet inverse, c'est-à-dire une augmentation de l'activité de l'adénylcyclase. Les antagonistes utilisés sont des dérivés xanthiques.
Les bases xanthiques, la caféine, la théophylline et la théobromine qui n'est plus utilisée en thérapeutique, sont des antagonistes des récepteurs A1 et de certains récepteurs A2.
Sources :
- Recommandations de la Société Française de Nutrition du Sportsur la consommation de boissons énergisantes chez le sportif-SFNS-juin-2008.pdf
-http://www.pharmacorama.com/Rubriques/Output/Communications_intercellulaires3.php